Les troubles d'apprentissage

Les troubles du langage oral

 

Les difficultés rencontrées au niveau du langage peuvent être de plusieurs ordres :

 

Il peut s'agir d'un cheveu sur la langue, d'un bégaiement, d'un retard de langage, d'un bilinguisme. Avec le temps et éventuellement une rééducation en orthophonie, ces difficultés s'amenuisent. L'enfant finit par parler normalement.

 

Les troubles sévères et durables sont appelés dysphasie. Il y en a plusieurs formes :


* Si l'enfant comprend mais ne parvient pas à s'exprimer verbalement, à produire du langage, c'est la dysphasie d'expression : il peine à organiser l'enchaînement des syllabes et des mots. Les mots sont mal articulés, les phrases mal construites. Attention, l'enfant comprend ce qu'on lui dit mais généralement moins bien qu'un enfant non dysphasique.

  

* Si l'enfant ne comprend pas ce qu'on lui dit, il s'agit de la dysphasie de réception. L'expression est elle aussi atteinte : l'enfant qui ne comprend pas le langage ne peut pas produire du langage. C’est comme si sa langue maternelle était pour lui une langue étrangère. Il reconnaît difficilement les mots et n’accède pas au sens du discours.

 

D'autres troubles présents dans la dysphasie peuvent aussi entraver la réussite scolaire :

 

 * La mémoire de travail est faible. Elle ne permet pas de réfléchir au sens des mots et en même temps de continuer à écouter le message et le mémoriser.

  

* La structuration du temps et de l'espace est perturbée : l'ordre de l'enchaînement des mots n'est pas bien repéré.

 

* Les fonctions exécutives et attentionnelles peuvent être atteintes, avec de l'impulsivité, des difficultés pour se concentrer, contrôler ses actions, planifier un raisonnement, s'organiser.

 

Dans le cadre d'un trouble des fonctions exécutives, il n'est pas rare de voir une dysphasie associée à une dyspraxie : Le trouble sous-jacent touche la programmation : l'enfant programme difficilement son langage. Les syllabes, les mots ne s'enchaînent pas correctement ; le discours n'est pas organisé. Au niveau moteur, l'enfant peut souffrir également d’un trouble de la programmation motrice pour élaborer, organiser, enchaîner ses gestes. L'enfant dysphasique requiert une solide rééducation en orthophonie, deux, voire trois ou quatre fois par semaine dans l'idéal.

  

En classe, la présence d'une AVS peut l'aider à mieux comprendre les consignes, à se concentrer, à s'organiser.

  

Il est essentiel d'utiliser au maximum le visuel et l'écrit pour pallier le trouble verbal. Des images, des pictogrammes peuvent aider l'enfant à s'exprimer, à structurer son langage. Par exemple avec des images qui désignent des sujets, des verbes, des compléments. Le passage à l'écrit peut aider l'enfant à fixer la prononciation des sons, des mots, à organiser ses phrases. Un maintien en maternelle est donc rarement judicieux. L'utilisation de la méthode Borel-Maisonny qui associe un geste à chaque phonème, peut apporter une grande aide.

 

Les troubles du langage écrit

 

La dyslexie est un trouble sévère et durable, qui peut être diagnostiqué par une orthophoniste, un médecin scolaire, un centre de référence comme le CRTLA. Elle peut être consécutive à un trouble du langage oral ou apparaître au moment de l'apprentissage de la lecture, chez un enfant qui se développait normalement et n'avait pas inquiété ses enseignants de maternelle. Cependant, des signes précurseurs peuvent être détectés, tels que des troubles du repérage spatial, du découpage temporel, de la concentration et de la mémoire. Le diagnostic est possible au bout de deux ans d'apprentissage de la lecture, soit à la fin du CE1 ou à la fin du deuxième CP. Il faut pour cela que l'enfant ait cumulé 18 mois à 2 ans de retard dans l'acquisition de la lecture. Les difficultés scolaires sont en lien avec une lecture lente, coûteuse, médiocre. L'enfant lit difficilement ; il trébuche, saute des mots et des phrases. Il se concentre tellement qu'il n'accède pas correctement au sens. Il ne peut pas non plus retenir ce qu'il vient de lire, encore moins l'orthographe des mots. La dysorthographie est donc systématiquement associée à la dyslexie.

 

Il y a plusieurs sortes de dyslexie :

  

* Dans la dyslexie phonologique, l'enfant ne parvient pas à mémoriser, à maîtriser, à automatiser la correspondance graphie-phonie. Il doit réfléchir pour déchiffrer chaque syllabe, chaque mot. Cette difficulté s'explique en partie par un trouble du rappel, très fréquent chez les enfants dyslexiques : L'information est stockée en mémoire à long terme mais l'enfant perd du temps à la retrouver. Plus le trouble du rappel est sévère, moins bon sera le pronostic. L'enfant dyslexique souffre aussi d'une difficulté à organiser le temps et l'espace, à travailler sur des éléments qui se suivent dans un certain ordre, comme les lettres et les mots dans la phrase. C'est pourquoi il peut inverser des lettres, sauter des mots. La mémoire associative est généralement faible : mémoriser les associations entre les graphies et les phonies ne s'automatise pas. Cela explique les grandes difficultés que ces enfants rencontrent pour mémoriser les tables de multiplication. Il faut se servir de la mémoire associative : A 8 X 3 est associé 24. De plus, les difficultés de structuration spatiale et temporelle peuvent perturber les apprentissages en mathématiques, d'où la dyscalculie parfois associée à la dyslexie. La mémoire de travail est quasi-systématiquement atteinte : Pendant la lecture, l'enfant perd des informations, il perd le fil de ce qu’il vient de lire. L'accès au sens est partiel et incertain.

  

* Dans la dyslexie de surface, l'enfant sait lire, presque tout lire. Il sort parfois de CP avec un niveau quasi normal. Il sait lire mais ne parvient pas à lire de plus en plus vite, à automatiser sa lecture. Cette forme de dyslexie est due à un trouble de l'organisation du regard. L'enfant ne fixe pas correctement son regard qui peut soit sauter trop loin soit trop près lorsqu'il lit. Il bute sur des mots mêmes simples, il retourne en arrière, inverse des lettres, saute des mots et des lignes. Parfois l'attention visuelle est atteinte : l'enfant ne reconnaît pas bien ce qu'il voit, il se trompe, prend un mot pour un autre, ne voit pas la fin du mot. Même légère, cette forme de dyslexie est invalidante. L'enfant est lent, il se déconcentre fréquemment parce que tout travail écrit sollicite énormément son regard et sa concentration. La copie est laborieuse parce qu'il est difficile et coûteux de coordonner le geste graphique et le travail du regard. L’empan visuel peut être trop restreint : l'enfant ne peut prendre en compte que deux ou trois lettres. En lecture, il ne voit pas les mots en entier, il ne peut donc pas les reconnaître lorsqu'il les rencontre de nouveau, et encore moins mémoriser leur orthographe. La lecture reste syllabique et devient difficilement spontanée, globale. En copie, il n’écrit que deux ou trois lettres à la fois. Il perd également du temps, lorsqu'il regarde le modèle, parce que ses difficultés de repérage spatial l'empêchent de retrouver facilement où il faut regarder.  L'enfant dyslexique ne peut pas survoler un texte, le lire en diagonale, pour y retrouver un mot ou une information. La dyslexie peut être mixte, avec une atteinte des deux voies de lecture, l’assemblage et l’adressage, soit le déchiffrage et la reconnaissance globale des mots. L’enfant cumule des difficultés phonologiques et un trouble du regard. Pour aider un enfant dyslexique en classe, il faut garder à l'esprit que cet enfant fournit beaucoup d'efforts pour lire et copier, qu'il ne peut pas fournir des efforts de concentration tout le temps et que ces efforts se font aux dépends de l'essentiel, c'est-à-dire l'acquisition des notions. Chez un enfant normo-lecteur, la lecture est un outil au service de l'apprentissage. Chez l'enfant dyslexique, c'est un obstacle. Il faut donc dissocier. Le faire lire et copier lorsqu'il s'agit d'un travail pour améliorer ou évaluer la lecture et la copie. Sinon, alléger la charge de l'écrit afin que l'enfant se concentre uniquement sur la notion à acquérir. Il faut lire les consignes, les phrases, les textes, lui proposer si possible des exercices à trous, tolérer les fautes d'orthographe, l'évaluer à l'oral. Il faut aussi beaucoup l'encourager. La dyslexie est un handicap invisible. L'enfant fournit beaucoup d'efforts qui ne sont pas toujours reconnus, pour un résultat souvent décevant.

 

Guide "troubles du langage oral et écrit 1er degré" Inspection académique de Haute-Savoie : 

 www.ash.edres74.ac-grenoble.fr/IMG/pdf/Guide1D_270409.pdf

 

Les autres troubles

 

D’autres troubles affectent la scolarité de nos élèves. Certains sont même assez fréquents comme le déficit d’attention. L’enfant ne peut pas rester concentré sur son travail ou sur l’enseignant qui parle. Il est très distractible, rêve, se disperse. Ses acquisitions sont pénalisées par son inattention, son impulsivité qui ne lui laisse pas le temps de réfléchir avant de répondre. Tous ses processus mentaux sont affectés du fait de son attention trop partielle. Sa mémoire est également atteinte puisqu’il faut prêter attention aux informations pour pouvoir les retenir.

  

Associés ou non aux déficits attentionnels, les troubles des fonctions exécutives sont très handicapants. Il s’agit d’enfants qui montrent de bonnes capacités de logique et de compréhension mais qui ne peuvent pas contrôler et organiser leur pensée, qui ne peuvent pas planifier un raisonnement, travailler en suivant plusieurs étapes. Ces enfants peuvent apprendre s’ils reçoivent l’assistance d’un adulte, une AVS par exemple. Seuls, ils ne se mettent pas au travail, ne savent pas par quoi commencer. Le travail en autonomie est impossible. Ces enfants ne sont pas déficients mais dans les formes graves, ils sont autant en échec scolaire qu’un enfant déficient. L’orientation en CLIS est parfois nécessaire. Parfois le trouble des fonctions exécutives affecte la programmation. Si la programmation du langage est atteinte, l’enfant sera déclaré dysphasique. Si la programmation motrice est touchée, on parlera de dyspraxie. Mais il ne faut pas passer à côté du diagnostic de trouble global des fonctions exécutives. Ne pas oublier que la pensée de l’enfant présente également des difficultés de programmation. L’enfant ne peut pas apprendre et travailler seul. Il a besoin d’être guidé en permanence.

  

Les dyspraxies concernent la programmation et l’organisation de certains gestes appris. Le graphisme et l’écriture cursive sont systématiquement touchés. Même si l’écriture est plutôt jolie, elle demande du temps et des efforts beaucoup trop importants. L’enfant dyspraxique doit sans cesse contrôler ses gestes, faire attention à ce qu’il fait, se concentrer. Ses gestes ne s’automatisent pas. Il se fatigue et se concentre sur son écriture aux dépens de l’essentiel : écouter, réfléchir et comprendre le cours.

 

Les troubles neuro-visuels peuvent être isolés ou associés à une dyspraxie (On parle alors de dyspraxie visuo-spatiale). Ce sont des troubles du regard. L’enfant rencontre des difficultés pour décoder ce qu’il voit, déplacer son regard d’un mot à l’autre lors de la lecture ou de la copie, se repérer sur sa feuille…D’autres anomalies sont possibles. En cas de soupçons, un bilan chez une orthoptiste neuro-visuelle est souhaitable. Ces troubles affectent la lecture, la copie et indirectement l’écriture : L’enfant a appris à écrire en copiant un modèle, ce qui a perturbé le graphisme : Trop concentré sur le modèle, il n’a pas pu concentrer son attention et ses efforts sur la réalisation de lettres bien formées.

 

Les adaptations

 

Pour tous ces enfants, il est nécessaire de lire ou relire les consignes, d’alléger l’écrit (écrire et lire moins). Il faut leur accorder plus de temps, de patience et de tolérance. Eviter les reproches, beaucoup les encourager. Ce sont généralement des petits élèves très courageux qui auraient pourtant bien des raisons de se décourager. Ils finissent parfois par se décourager, perdre complètement confiance en eux, voire développer une dépression. C’est en grande partie parce qu’ils fournissent beaucoup d’efforts qui ne sont pas assez reconnus et qui ne leur procurent que des résultats décevants. Lorsqu’un enfant est atteint par un de ces troubles, il est nécessaire de se réunir avec les parents (Présence indispensable).

  

Si le trouble n’est pas défini, une équipe éducative est organisée par le directeur de l’école :

 

Si la dyslexie est diagnostiquée, c’est le médecin scolaire qui est responsable d’une réunion qui s’appelle alors PIS (Projet Individualisé de Scolarisation).

  

Si l’enfant a un dossier auprès de la MDPH (Maison Départementale des Personnes handicapées), l’école est tenue, avec l’enseignant référent, d’organiser au moins une réunion par an, appelée ESS (Equipe de Suivi de Scolarisation) pour rédiger et suivre le PPS de l’enfant. Le PPS est un Projet Personnalisé de Scolarisation. Il peut être proposé aux enfants « Dys » si toutefois ils sont reconnus en situation de handicap par la MDPH. Voir circulaire du 17 août 2006 qui fait suite à la loi de février 2005. Attention, la MDPH ne doit pas être contactée uniquement pour obtenir une reconnaissance de handicap. Il faut une demande concrète : L’école souhaite un ordinateur, une AVS par exemple.

 

Un guide pour les enseignants

 

"PRENDRE EN CHARGE LES TROUBLES DES APPRENTISSAGES" de Claire GRAND : C'est un petit guide pratique qui décrit brièvement en quoi consistent les différents troubles "dys" et comment aider l'enfant qui en est atteint (rééducations, aides qu'il est possible d'obtenir de la MDPH et adaptations en classe).

 

Prendre en charge les troubles des apprentissages

 

Voir ici : http://www.amazon.fr/dp/2343119457/ref=nosim?tag=cg03c-21